Nous sommes en 1995, la troisième semaine de septembre pour être précis… je me souviens car à l’époque la coupe Icare ne durait qu’un week-end. Elle avait lieu juste après mon stage. Je n’ai pas pu y assister : il fallait rentrer Frown

Quelques semaines auparavant, un copain me raconte qu’il a fait un stage init de parapente avec Prévol. Ni une ni deux, je savais que c’était ça que je voulais faire. Je ne savais pas ce qu’était le parapente ! Je n’en avais jamais vu de près…J’ai su que ce serait mon truc.
Donc le stage d’initiation a commencé lundi. Le temps n’est pas au grand soleil, mais à l’époque c’était des considérations qui m’importaient peu. Le lundi, les moniteurs nous avaient un peu expliquer le maniement de nos bâches. Nous avons passé une bonne partie de la journée à courir dans un champ avec ces pauvres chiffons qui essuyaient la piste de ski que nous martelions de nos godillots. Une fois en bas de la pente, on reprend le tissu et les kilomètres de ficelles sur l’épaule et on remonte l’ensemble à notre binôme. Je le pousse un peu pour qu’il aille plus vite, que je puisse rapidement retrouver mon tour.
Le mardi les gestes deviennent un peu moins gauches. Et au fur et à mesure que nous nous améliorons, Jérôme et Eric nous font monter un peu plus haut dans la pente.
C’est là, à quel moment précis ? Je ne saurai le dire ! Mais le miracle a eu lieu.
Les élévateurs ont fini d’être des engins gênant et meurtrissant. Ils se sont tenus de part et d’autre de moi.
J’ai arrêté de courir dans le champ comme un fou. Le temps a suspendu son vol l’espace d’un instant.
Mes pieds ont arrêté de piétiner l’herbe, elle s’est mise à glisse sous mes semelles.
J’ai cessé de tirer sur cette bâche, une aile m’a légèrement maintenu en l’air.
Cette vision de l’herbe qui glisse sous mes semelles, cette sensation de grande douceur après tant d’efforts. Toutes ces émotions restent à jamais graver dans ma mémoire… tout comme la patience de ma femme et des amis chez qui  nous étions hébergés quand j’ai passé la soirée bondissant comme un gamin en criant « j’ai volé! j’ai volé! ».