Enfin devant

Je suis à 2700m d’altitude et le dilemme, le grand doute. J’ai l’impression que la montagne de Bange en direct ça passera. C’est risqué : la brise va (encore) me contrer et la fin de la transition est boisée sans aucune vache possible (et puis ça serait vraiment dommage de se vacher ici après tout ce chemin parcouru). Le chemin sûr c’est de contourner le Sire, le Revard puis se jeter sur la montagne de Bange, mais ça va faire perdre au moins une heure. J’ai annonce plusieurs fois à la radio mes incertitude lors de la montée. Là, je prends ma décision. Je file vers Bange. J’annonce ma destination en disant bien que s’ils ne le sentent pas, mes compères peuvent passer par le Sire (par la suite j’apprendrais que mes messages radio sont inaudible et donc ils n’ont rien compris). Le début de la transition confirme bien : le vent me contre encore bien et malgré mon altitude stratosphérique, je ne suis pas sur de passer. Après le gros cumulus, juste au nord, je passe sous un autre cumulus bien plus raisonnable. J’en profite pour parfaire mon plein. Je repends mon chemin qui passe à proximité d’une nuelle. Elle aussi j’en profite, en relâchant l’accélérateur, pour regagner quelques mètres sans toutefois enrouler.

Dés la sortie de la nuelle, je reprends l’accélérateur … juste le 1er barreau pour pénétrer face au zef sans larguer mes compagnons que j’entends râler à la radio. Eux aussi doutent quant à la pertinence de ce trajet – mais je leur ai dit qu’ils pouvaient assurer via le Sire. Je raccroche finalement la montagne de Bange super haut – merci le petit cumulus et la nuelle. Je fais un tour dans du pas grand chose pour regarder derrière. affraid je vois Dom bien bas … je comprend ses râleries : il doit commence à voler aux vapeurs. Bientôt il pourra quand même se jeter dans le col entre le Revard et la montagne de Bange. Je ne vois pas Stéphane mais en radio il suit.

La montagne de Bange est très déconcertante aujourd’hui. Ça fait pas mal de temps que je n’y suis plus revenu, mais je me souviens bien des endroits où ça donnait … et là rien. Aucun des endroits « habituels » ne donne quoi que ce soit. Heureusement que je suis encore assez haut au dessus du relief, mais il va falloir se concentrer et trouver quelque chose ! La transition du pont de l’abime commence à m’inquiéter vu la tournure que prends le vol.

Ayé je trouve le thermique des éperons au dessus de St Offenge au moment où je passais en dessous des crêtes. Le thermique décale fort en ouest mais monte raisonnablement à 2000m. Bien sur, je perds beaucoup à remonter au nord juste avant le pont de l’abîme, mais je vois des ailes transiter et se refaire en face. C’est donc faisable. Faudra juste ne pas trop se précipiter (et je ne me souviens plus des altitudes de référence). Je trouve un petit bout de truc qui me monte des crêtes à 1800. J’estime que c’est suffisant et je fais feu.

Je raccroche le Semnoz raisonnablement haut. J’assure un peu le plein avant de traverser la horde de radios modélistes. Finalement ils sont peu nombreux et je passe bien haut … Je vais faire une balise au dessus du déco du Semnoz. Je ne trouve pas le thermique qui monte au relais (et je ne suis pas le seul à zoner) donc je retourne à la rencontre de mes camarades. Ce coup-ci je passe plus bas devant les planeurs radio commandés et les furieux sont à nouveau de sortie. Je passe le plus large possible mais un gros modèle vient me chercher. Je ne peux pas m’écarter plus sinon je vais me vacher, tant pis pour lui, je me rabats sur le relief (je suis quand même dans la combe bien après leur déco donc faut qu’ils gèrent les priorités).

J’enroule avec Dom et Steph qui prennent la décision de poser à Doussard. Moi je trouve que ça manque de panache de se finir comme ça … Je n’ai pas d’espoir de raccrocher la chartreuse comme je voulais en début de vol : On vole déjà depuis ~6 heures et tous les endroits clef sont bouchés par des cunimb en fleurs. Je voulais rentrer par l’intérieur des bauges. Ça sent la vache assurée tellement le cunimb du Margériaz est noir. Le chemin du retour se fera par devant (Revard, Sire..). Je ne tente pas d’attirer Steph qui me semble être bien fatigué déjà du périple accompli. Je garde espoir d’aller jusqu’à la savoyarde au pire je vais viser au moins la gare de Chambéry.

Les oreilles ? Les oreilles ! Je suis un mickey

Un dernier thermique. Steph part en direction du Roc des Bœufs suivi par Dom. Steph plonge, Dom fais une belle frontale devant mes yeux ébahis. Ça c’est fait. Je fais un dernier tour. Je suis à 2100, je retraverse le pont de l’Abîme. Je raccroche la montagne de Bange au niveau de la falaise du bas et met un peu de temps à trouver la pompe. C’était peut être une bêtise sans nom ? Non, ça y est j’ai trouvé un petit truc Smile que je perds presque aussitôt Frown mais au moins ça me permet d’avancer.

Dans la combe après le plateau … je ne parviens pas non plus à exploiter le thermique. Enfin j’ai quand même repris 300m mais c ‘est largement insuffisant par rapport aux plafs qu’on avait tout à l’heure et surtout ça ne me mènera pas bien loin. En fait ça me permet de rejoindre les aiguilles au dessus de Saint Offenge où je monte à nouveau un peu au dessus du relief Grin … mais encore pas assez :'(. Encore un thermique et je pars vers le Revard. Je suis bas mais de toute façon je ne trouve rien, le soleil commence à baisser sur l’horizon. Ça ne sert à rien de s’éterniser ici. J’essaye de trouver la trajectoire la plus rusée possible pour perdre le moins de gaz possible… mais je suis encore contré par le vent. Ce n’est quand même pas possible d’être contré à l’aller et au retour fumeJe rejoins la tour des ébats … très bas et sans rien trouver non plus. Je joue sur une compression dynamique pour regagner quelques mètres (enfin j’hésite à mettre un « s » ) puis j’avance encore. De toute façon ici je ne trouverais rien de mieux et au pire je vais me poser à la vache de Montcel, de toute façon je n’ai jamais réussi à boucler le retour ici. Me suis toujours posé au mieux à Montcel.

J’avance. Au loin, je vois Mouxy. Au pire, je prendrais le train à Aix au lieu de Chambéry, sauf que je veux encore me battre. Mais si je continue à me battre et à perdre, je n’aurais plus de dégagement autre que la forêt. A ce moment je reprend espoir parce qu’un rigide me passe au dessus en longeant le relief vers Mouxy. Bon, faut avouer qu’il est plus haut et a une bien meilleure finesse que moi, surtout dans la brise qui me contre bien comme il faut. Mais ça me suffit pour reprendre la gniak. Une dernière arrête à passer. J’appuie sur les barreaux pour la passer. Au moment de la passer je relâche et applique du frein pour bénéficier de la compression. Je gagne quelques mètres et j’exploite encore quelques vapeurs pour regagner quelques mètres. Me voilà au pied d’une falaise avec un appui dynamique favorable … et …. C’est repartiiiiiiiiiiiii je monte vers le Revard dans les pierriers. Je fais attention à ne pas trop me rapprocher de la ligne électrique et je monte jusque devant le décollage du Revard. Je queute la fin de l’ascenseur, je suis reparti pour manger du kilomètre. Mince je regarde devant, il fait nuit noire. Le cunimb du Margériaz débouche largement sur Chambéry. Visiblement y a un truc monstrueux qui déborde soit de la chartreuse soit de Belledonne. Les deux ont complètement éteint le soleil. Il fait nuit noire à la croix du nivolet (il commence déjà à faire sombre là où je suis et ça monte).

Je croise encore deux ailes qui fuient vers le nord et moi, je suis tout seul à aller vers de trou noir. J’affiche les oreilles, je ne passerais pas par le croix du Nivolet. Je prends l’axe du relief du bas et aux oreilles accélérées ça zérote voire ça monte légèrement. Je passe aux grandes oreilles. Elles ne sont pas faciles à tenir avec la fatigue. J’hésite a enquiller une manœuvre de descente et ne plus pouvoir rejoindre l’atterro de Vérel ou bien garder ma trajectoire actuelle et risquer l’aspiration. Je garde ma trajectoire : je contrôle encore les choses. Grandes oreilles accéléré, je colle au relief du bas (et toutes les combes / arrêtes) pour à la fois bénéficier du gradient qui me fais avancer un poil plus vite (enfin qui freine moins fort) et qui doit aussi jouer dans le sens vertical. Et puis les turbulences me permettent de perdre encore un peu d’altitude. Toutes les fumes de la vallée sont couchées en sud. L’attero peut être sport dans ces conditions. Je vois des gens en train de plier leurs ailes. Il faut que je me dépêche aussi pour qu’un d’eux me prenne en stop jusqu’à la gare.

Un premier 3-6 aux oreilles … trop prés du relief et des arbres pour être maintenu bas. Je me décale en vallée. 3-6 aux oreilles jusqu’à une altitude raisonnable puis posé dans les règles.

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