Heur

Il était une fois deux copains qui voulaient se dégourdir un peu les ailes. ça faisait longtemps (au moins une semaine) qu’ils n’avaient pas volé et le ouikend s’annonçait assez pourri. Le zef (sud ouest le matin, nord ouest l’aprem) était soutenu mais raisonnable. Il prirent donc leur sac et partirent sur un petit site interdit (ché plus trop pourquoi… ptet une histoire de TMA) mais néanmoins bien praticable.Sur la route les inquiétudes fusent : le zef promis a l’air plutôt absent. En arrivant sur le site, le vent était là quoi que cyclique. la longue marche d’approche (offfff bien 65 secondes si on joue la montre) permet de commencer à sentir les cycles. Le temps de regarder un peu le paysage et de déplier les ailes… ça devrait voler !

Bonheur

Le marco prend son envol le premier. Moi, j’ai les gros doutes quant à ma capacité à faire quoi que ce soit avec mon épaule en vrac… mais finalement, j’arrive à gonfler mon aile qui vient bien sagement au dessus de la tête puis commence à déraper légèrement sur la droite (alors que le vent vient plutôt de droite). Je mets les watts et ça décolle. ça tient gentiment… c’est parti pour un gentil vol. Je trimme complètement mon engin par fainéantise… c’est toujours ça d’économisé sur mes épaules. Je détrimme à fond pour les (petites) transitions… à feignant, feignant et demi.

Le marco est légèrement en avance, il doit avoir 50m de gaz et est déjà parti en direction de la madonne. Moi j’assure le plein… une centaine de mètres et je commence le chemin. Le marco est déjà à la transition au dessus du ptit village. Il fait un beau plein. Sur ce, je trouve un beau truc qui me monte bien…

Horreur

Pendant ce temps le marco, qui a du entamer sa transition, se fait dégueuler quelque chose de monstrueux. La sensation de sa chute, alors que je monte bien est véritablement vertigineuse ! Il fait demi tour radada tandis que moi, je vais attaquer la transition…. Je suis pas loin des 300 mètres réglementaires et je commence à être vraiment bien scotché par le vent qui rentre bien à cette altitude. Je me dis que j’aurais peut être mieux fais de cheminer plus bas, là où le zef est moins puissant. Il m’arrive exactement le même phénomène que le marco : je tombe littéralement du ciel sans avancer. Je suis complètement scotché par le vent : alors que je suis détrimmé et à fond de 1er barreau, je n’avance que de 3 km/h.

On doit se cogner à un sacré mur de vent. Je ne le connaissais pas ce mur ! Je connais bien le venturi qui est à peine plus loin à droite…. mais la conjonction avec le vent doit bien expliquer ce phénomène. Je fais demi tour pour refaire le plein là où était la belle zone ascendante et tenter une autre option.

Je vois le marco qui était revenu jusqu’au décollage… il est bas et s’éloigne vers l’atterrissage. Je ne retrouve pas ma zone et continue vers le décollage. Un peu avant que je ne croise le sieur marco, il se fait une belle frontale

« tiens, l’marco fait connaissance avec sa ‘spen… » ça m’amuse…. me souviens de l’époque où c’était moi et ma’gic qui nous regardions zieux dans les zieux.

Chaleur

A la radio, le marco doit dire un truc du style « c’est chaud dans le coin ».

Mince…. j’ai un peu tardé à faire mon virage et avec le vent fort mon virage dérape beaucoup. Je me retrouve au niveau du décollage, face au vent… et je n’avance plus d’un caramel. Je suis détrimmé à fond, à fond de premier barreau et je recule même légèrement (il y a une ligne haute tension derrière juste pour pimenter la chose). ça montouille un peu mais pas bien beaucoup et vu comment ça brasse et comment je suis limite au niveau vitesse, il ne me reste plus qu’une seule solution : tenter de regagner un champ pour me poser. J’enfonce le 2e barreau pour avoir un tout petit peu de réserve de vitesse et j’entamme donc la transition au dessus de la forêt, en crabant un maximum. J’essaye d’avancer pour rejoindre au moins un champ, ne pas reculer dans la ligne…

Pendant ce temps là, le marco arrive au dessus d’un grand champ en longueur, il se pose avec une vitesse sol proche du très nul et au moment où il touche le sol, il décroche bien son aile mais part en culbuto entraîné par son aile. Bon… le marco est posé… je commence à avoir de sacré doutes si je vais y arriver.

Je suis au dessus d’une clairière. Sous le vent, la foret et la ligne, au vent un rideau d’arbres et un relief pas franchement plat. ça serait bien si je pouvais franchir le rideau d’arbres, les clôtures et la maison qui me séparent du champ du marco. Le passage est étroit et j’ai vraiment du mal à pénétrer face au vent malgré la bonne vitesse de mon engin (toujours détrimmé à fond et à donf 2e barreau). Avant j’étais simplement dans une zone turbulente… là je commence à arriver dans une zone véritablement chaotique. Je joue avec la pression du barreau pour maintenir la tension… pourtant, je ne suis pas bien habile à ce jeu auquel je m’entraîne en transition pour éviter de marsouinner. ça ramolli complètement, je relâche le barreau, ça redevient dur, je repousse à fond. ça redevient vite très mou, je relâche promptement, puis je renfonce le barreau : j’ai vraiment plus de marge de manœuvre vers l’arrière et paf… ça ferme. Une belle demi aile. Je me retrouve dans une position de wing incliné à une 60e degrés tandis que l’aile a pivotée de 45° par rapport au sol. Je relâche le barreau paske là, je vais méchamment percuter la planète (je ne suis plus qu’à une petite 30-50e de mètres d’altitude). J’arrive à contrer le départ en rotation, (effectivement le marco) je me souviens avoir un peu fermouillé ensuite de l’autre coté : en fait à peine une grosse oreille que je n’ai pas contré vu que j’ai commencé à avoir la sensation d’un départ en décrochage. Je suis au dessus d’une clairière, 3 mètres sous le vent d’un rideau d’arbres dans lequel, c’est inexorable, je vais finir. Je me demande quelle est la meilleure tactique pour ne pas passer trop de temps à récupérer l’aile dans les branchages. Une fraction de seconde, l’aile redevient contrôlable. J’en profite pour envoyer un virage 90° à droite puis le même à gauche pour me remettre dans l’axe. Le sol monte assez fort, l’aile n’a plus de vitesse/air et me demande « gentiment » à abattre. Je la maintiens au dessus de la tête quitte à approcher la parachutale sur le dernier temps et sort de ma sellette pour amortir la chute.

Finalement, l’impact est vraiment faible, mais lancé dans l’idée du roulé-boulé, je le fais quand même… et passe sur mon épaule qui me fait mal. Vite, prendre la radio et dire au marco que je vais bien… à peine ais-je le temps de dire que je suis « « « posé » » » que le marco arrive au pas de course me ramasser, sur lui aussi que je ne pouvais pas me poser comme une fleur

Rieur

Finalement, une bonne poignée de main au paysan, et la grande joie de retrouver le marco. Oui, rieur, soulagé de s’en être (encore) bien sorti ! Nan mais quelle idée de voler sans regarder l’évolution des conditions météo, d’accumuler les erreurs de jugement… ce n’était pas notre heure !

merci…
merci le parapente qui pardonne beaucoup,
merci ma gentille magic qui est brave, simple et facile à piloter même en condition pourrie,
merci à dame nature de nous avoir donner une bonne leçon sans nous sanctionner,
et merci à marco d’avoir partagé cette aventure (et d’avoir choisi le site qui « « « volait » » »)