Tout commence par une rencontre opportune ! il y a donc Yves en whisper qui propose à Fred une petite ballade vers Digne en partant du coté ouest de la serre du Montdenier.
Pour ma part, j’avais projeté d’aller vers St André les Alpes en passant en trace directe (coté Est du Montdenier ; la Moure ; faire le tour de Blieux par l’ouest ensuite le catellard et finir sur st André). L’Itinéraire me semble sur … et y a intérêt par ce que pas de récup possible avant Castellanne. Je ne connais pas le coin (pas encore de cross significatif) mais Yves à l’air sûr de son affaire alors je me joints à leur duo… Prévol…. Beurk…. Plus de pile dans mon GPS…. Tant pis je n’aurais pas de trace pour rejouer ce vol plus tard… mais c’est pas grave à priori, vu que je pense que le site ne se prête pas aux cross d’anthologie. Yves décolle en premier, il commence son ascension. A mon tour je
m’élance. Mon déco est un tout aussi pourri que le deux précédant sur ce site : l’aile me prend un peu en charge,  je rentre le train ½ twisté et décolle en raclant le fond de la sellette sur la caillasse.

Le thermique en sortie de déco est là, il est évident (enfin… je veux dire que je me pose pas la moindre question contrairement à mon habitude de chercher la pompe à couillon pendant ¼ d’heure). Au bout de trois fois rien comme temps, je vois Yves et Fred en dessous en train de tourner le thermique. Je suis bien au-dessus d’eux, en attente vu que je ne connais rien au parcours.

Enfin si…je connais la 1e balise : le sommet de Montdenier (au bout ouest de la serre)… alors je commence lentement ma route
pour les laisser passer devant… et puis au fond de moi, je me dis d’assurer les pleins pour changer un peu. Un peu avant le sommet de Montdenier, Fred trouve un joli ptit morceau de thermique et me passe au dessus Frown … du coup il passe devant Smile je lui emboîte le pas. Le sommet du Montdenier nous gratifie d’un joli morceau de thermique.
Fred nous annonce transiter en direction de Beynes à 2700.  Un peu avant Beynes (pas d’escale) il trouve un thermique généreux et monte … jusqu’au nuage. Jusqu’à présent je marquais Fred à la culotte. Quand il était en ascension, je finissais ma transition… et je vois le nuage se désagréger Frown Je trouve à peu prés le même thermique et je commence à monter. A 2200 ça s’arrête … merde ! Fin de cycle… et ça commence à descendre. Fred, lui est déjà barré sur la montagne de la coupe il annonce un gros thermique… je te crois Charles ! Il est sur la tranche en train de monter comme une balle alors que moi je serre les miches pour freiner ma chute. J’hésite un temps à forcer la transition : de belles faces sud-ouest comme ça, ça doit donner même bas ! Et puis non… je préfère assurer. Je passe en dessous du niveau de la crête de Beynes quand le cycle repart ! ouf ! Wink quelques tours et nuage…

Je me précipite à la suite de Fred que j’ai perdu de vue.  Je coupe un peu ma transition mais pas trop (toujours pour enfin assurer un peu)… et puis je vois enfin le Fred qui est bas (enfin, légèrement en dessous des crêtes de la montagne de la coupe). Il trouve un bon morceau de
thermique et se jette vers le cheval blanc. Je parcours la ligne de crête en négligeant tous les thermiques et en accélérant 1er barreau pour essaye de refaire mon retard … mais je n’y parviens pas. Un planeur coupe en ligne droite… j’analyse mon compas pour retrouver l’ouest (pas facile de lire un compas par le dessus, il faut que je lui trouve une autre place)… ça doit le faire, moi aussi je coupe. Pendant ma transition Fred qui fait un peu le guide touristique m’annonce le cheval blanc et sur la droite le déco de st André. Je suis tout ébahi… finalement Moustier-st André, c’est ridicule comme cross Grin

Fred se colle sous un gros noir. Moi il m’inquiète un peu ce gros noir, mais je peux voir le contour complet de son ombre… donc je file vers ce cheval blanc au pied duquel je me suis tant de fois posé (par 2 fois, j’ai raté st Vincent les forts – st André les Alpes en me posant dans une vallée perpendiculaire à la Bléone… dans des rouleaux pas possibles). Et là, le cheval blanc est une simple formalité… c’est limite un peu triste.

Mais le cheval blanc ne se laisse pas dompter comme ça ! Aspiré par le gros noir, je me fais satelliser… c’est sans doute là que j’ai calé mon vario à +10. en tout cas, au début de ma mise sur orbite, j’ai bien vu le vario moyenné afficher un +8 et des brouettes… du coup, je me suis concentré sur le pilotage actif tout en essayant de faire le tour du noyau par l’extérieur ! Shock Ça fait quand même un peu peur de tels varios.

Après le cheval blanc, Fred m’annonce partir sur la tête d’Estrop… mais je l’ai perdu de vue et je ne sais pas où il l’a mise sa tête, Estrop ! Dialogue de sourd pour essayer de savoir son cap… je file sur la montagne perpendiculaire … la montagne du carton (maintenant que j’ai la carte, c’est facile !). Et ben, la montagne du carton, elle porte bien son nom ! Je suis parti plus haut que Fred mais j’arrive un chouille plus bas… le Fred n’insiste pas longtemps pour essayer de faire un gain sur cette montagne… En toute logique j’arrive plus bas et repart de plus bas. La montée ? ben savonneuse ! alors j’étais assez content de la quitter ! Du coup, le Fred ne fait qu’un saut sur la crête de la chau et se jette sur la tête d’Estrop alors que moi, je suis obligé de travailler dans des rouleaux en thermo-dynamique jusqu’à la ligne de crête. Puis il faut que je trouve le moyen de faire un peu de gain avant de le suivre.

J’entame ma transition en traitant le Fred de tous les noms d’oiseaux. J’espère qu’il sait ce qu’il fait pask’en bas c’est carrément imposable ! Petite vallée encaissée, torturées dans les virollos d’un torrent de montagne. Déjà sur les crêtes, le vent de vallée est plus que raisonnable.
On raccroche enfin le Gourgeas. Fred est déjà passé par là. Il est à peine plus haut que moi et remonte doucement.  Le Gourgeas, ça reprend en dynamique (+1/+2) avec quelques bulles thermiques (+4)… que je m’efforce d’éviter ! C’est tellement bon un peu de soaring après s’être fait tant chahuter ! Par moment, j’essaie d’enrouler… j’y mets tellement peu de conviction que je retourne sans peine à mes aller-retour le long de la pente raide. Quand arrive le sommet, je suis -enfin- à nouveau reposé et d’attaque.

Le Fred commence à longer la Blanche. Je prends un gros thermique qui décale légèrement vers la tête d’Estrop mais je fais l’impasse sur la tête : je suis toujours en train d’essayer de rattraper mon retard sur Fred. Et puis mon thermique monte bien … jusque dans un gros noir (j’vous ais déjà dit que j’aimais pas les nuages ?). Largement avant le nuage (3300), je tire bien les oreilles et enfonce mon accélérateur en butée de 2e barreau… mais ça continue à monter Frown . Heureusement je n’aurais pas besoin de plus pour ne pas pénétrer dans le nuage. Le parcours de la montagne de la blanche se fait un peu écarté en est de la ligne de crête en alternant avec ou sans oreilles… Je cherches dans mes poches et trouve une vieille barre de céréale toute écrasée… ça fait du bien par où ça passe. Finalement, c’est un peu pénible ces oreilles qui tiennent toutes seules : elles tiennent bien en air calme, quand il faudrait les relâcher par ce qu’on est en transition entre deux nuages…et elles ont tendance à rouvrir quand ça turbule (sous le nuage) où il faudrait qu’elles restent tirées.

Fred arrive à la Dormillouse, il fait rapidement un plein et transite sur le Morgon à 2700. Moi, je zone :s je fais péniblement un plaf à 2400… Fred est en face, il a raccroché. Nous avons enfin des nouvelles d’Yves : comme il rentre sur Lyon, il veut tenter d’aller vers Orcières, mais pour l’instant il est loin derrière et vient juste de raccrocher la Blanche. Du coup Fred tente de traverser le lac vers Orcières. Moi, j’arrive péniblement à faire un petit plaf à 2600… je commence ma transition. Fred annonce que ça ne raccroche pas L du coup je fais demi-tour sur la Dormillouse. J’ai deux options :

  • Soit tenter le retour sur Moustier…. Mais je me souviens de mes tentatives avortées au pied du cheval blanc et la Javie, le portable qui ne passe pas…en plus si ça le fait, il faudra refaire la partie de saute montagne du coté de la coupe et de Beynes… ça va pas être gagné.
  • L’autre option, c’est de traverser et au pire se boire une bonne bière avec Fred pour le remercier de m’avoir montré le chemin jusqu’ici. Mais ça veux dire que nous serons deux « gros sacs » à faire du stop pour essayer de rentrer… ça va être galère alors que l’autre option me permet de récupérer ma voiture plus rapidement.

Je refais un bon plaf bien généreux au-dessus de Montclar ; du coup, je tente : je traverse la fin du lac sur ce morgon. J’arrive au morgon assez haut (2400 ?) En tout cas au niveau de la crête. Un troupeau de bouquetin broute sur le sommet (tête de la vieille). Je leur tourne
autour dans un gentil thermique qui me laisse tout loisir de les observer. Fred est posé sur le bord du lac de Serre-Ponçon… il matte les nenettes en maillot de bain… moi je fais cap au N-E vers le Méale. Je trouve le relief bien exposé pour la suite du parcours. La transition permet au Fred de me repérer. Je lui demande de ne pas me faire servir de bière tout de suite : elle va être chaude car je n’ai pas l’intention de me poser tout de suite.

Un peu avant le relief, effectivement, ça monte comme je le pensais…. Enfin, ça monte même avant le relief du Méale. Ça monte doucement mais sûrement et je fais encore un beau plaf (2600 ???). Le Fred exulte : il me voit déjà posé à Briançon. Le relief suivant me semble tout aussi évident : il est, lui aussi bien exposé face au sud ouest. Je transite et Fred m’informe d’une « carrière » sur le relief (pic de st André) où les biplaces prendraient du gain. Son ton est assez peu affirmatif… je ferais selon mon idée ! En attendant, je profite du paysage : le lac de Serre-Ponçon d’un coté, la station de ski des Ores de l’autre.
Un peu avant d’arriver sur le relief, dans une large zone ascendante, je croise un bi ! Ça fait plaisir de croiser un peu d’être vivants ! Je leur fais de larges coucou… le pilote me répond tout aussi largement. Comme quoi, le tuyau de Fred est encore le bon ! Le thermique me décale
en plein milieu de la transition suivante mais j’ai peur que le vent de vallée me mène au fond. La transition est courte mais je raccroche « les croix » assez bas. Je reprends en soaring sur les pentes. Je passe le sommet et n’assure pas le gain : le pic du clocher devrait me permettre de reprendre aussi en soaring. Je repère bien ce que je prends pour une station météo. Je commence mon soaring… Depuis la Blanche, j’ai mon épaule gauche qui me lance et quand je lâche la commande pour avoir le bras en bas, ça me fait comme des coups de
poignards… bref, j’ai les bras en compote. Le vent de vallée de la Durance commence à me travailler. Je sais qu’il est fort et Fred me l’a rappelé tout à l’heure. Je vois la vallée de la Durance qui se met à serpenter après la vallée du Queyras… bref, les appuis en soaring vont
devenir beaucoup moins faciles et la vache beaucoup plus technique et mon état de fatigue ne me permet pas d’envisager la suite sereinement. Je me remets donc en direction d’Embrun…

hmmm hmmm… à fond de deuxième barreau je vois le sol parfaitement immobile tandis que l’alarme de chute du vario (à partir de –3m/s) me confirme et que ça ne monte plus et que j’ai bien le 2e barreau en butée K à force de descendre, je passe à une altitude où le relief me protège un peu du vent… je remonte au vent la forêt des saluces et je reviens en appuis face au vent sur de petits plateaux…
j’arrive à remonter un bon peu « les croix » mais je n’assure pas le plein… trop fatigué. Je me lance face au vent en jouant avec mon accélérateur pour pénétrer. Je commence mon inexorable descente le long de la Durance avec Embrun comme cible et des rafts comme paysage. Je me poserai sur la bonne rive… après avoir compté la quantité de ligne EDF de chaque champ pour pouvoir choisir le bon :
un petit champ en triangle avec une petite bute pour calmer le vent (sauf que du coup, ça zérotait en finale). Fred me signale par radio qu’il y a une gare à Embrun et qu’un gars avec qui il boit un pot lui propose la ballade en voiture… coup de fil à Roselyne pour l’informer de ma
condition de rampant. Depuis le bord mon champ, des autrichiens (ex-parapentistes) me prendrons en stop et m’amèneront à la gare. Mon allemand est rouillé mais mes efforts pour leur parler dans la langue de Goethe les réjouissent. J’arrive à la gare respectivement 5 minutes
avant Fred et 10 minutes avant le train… ça c’est top synchro Smile
D’ordinaire,, je n’aime pas le train…. Mais là,, rentrer en train… c’est LE symbole du cross où j’ai quitté le « cône d’autonomie » des récup en voiture. Bon, Roselyne a fait la moitié du trajet et nous a récupérés à Sisteron et l’option train était surtout là pour lui diminuer la route
(elle était gentiment volontaire pour venir me chercher jusqu’à embrun)… D’autre part, ce n’est peut être pas mon plus grand cross mais j’ai franchi ce jour là une étape symbolique que j’attendais ! et puis les billets de train ont permis à Fred de prouver à ses copains du gîte de
Vénascle qui nous étions allés jusqu’à Embrun

Merci… merci à fred pour m’avoir montré le chemin et gros merci à roselyne pour m’accompagner au déco et pour être prête à aller me chercher au fin fond de la planète.