Nous sommes encore sur l’autoroute, peu après Montmélian. Il n’est même pas
midi et déjà plusieurs ailes ont décollé de Montlambert et font le plaf au
mont Charvey. Cela confirme nos voeux de la journée : air froid + gros
soleil = ambiance de printemps… mais aussi tôt, nous ne l’avions pas
espéré … bref, il n’y a plus qu’un seul mot d’ordre : vite au déco …Enfin mot d’ordre pour moi, paske les zôtres, ils z’ont rien à manger Shout . Finalement nous nous partagerons mes sandwichs.

Arrivée au déco, il y a l’ambiance des grands jours. Entre les bonnes conditions du site et le vent (nord fort) qui fait que ça ne peux pas voler ailleurs. Il y a même l’équipe de France, Pc portable dans le champ en
train de régler les GPS des gus .

Je sors mon attirail et installe l’accélérateur sur ma nouvelle sellette. Je règle pour que le barreau me fournisse un maximum de débattement. faudra vérifier qu’il n’est pas en tension au repos ! Je m’installe et me prépare à
gonfler. Euh, ma ventrale n’était pas serrée du tout, les conditions sont quand même fortes, et je suis un peu « refroidi » par le breifing de l’entraineur (style « si vous allez posez c’est pas grave, restez en vie ») je la serre un peu !

Gonflage, strong ! Dans la foulée, décollage. J’ai à peine eu le temps de contrôler mon aile. je prend 2 mètres. Je vérifie en l’air la tension du barreau d’accélérateur (pas eu le temps avant). Bon, en avant… et là, le rock’n roll commence. (je ne comprends d’ailleurs pas trop, vu que les autres se sont fait moins tabasser que moi). Bref, je suis dans la combe en sortie de déco, sous le vent de l’arête de droite… et je n’avance pas !

Impossible de sortir mon accélérateur : il est coincé dans les élastiques de la sellette. Au bout d’un temps interminable, j’arrive à rejoindre l’arrête et, enfin, à sortir des rouleaux. Au passage, je me suis froissé l’épaule à essayer de sortir ce barreau. Je monte assez rapidement vers le plafond. il y a foule au plafond ! et c’est quand même musclé. J’ai perdu Jeumeu qui est parti avant moi. A un moment, je le vois se faire aspirer dans un cum. Il file tout droit en vallée pour redescendre. Moi, pendant ce temps, je commence à tailler la route vers la tour. A mi-chemin, j’hésite, je fais demi-tour pour refaire un peu le plein et voir où est Jeumeu. Je croise Jacques et je lui emboîte le pas. Pendant la transition, je note qu’il va plus vite et perd moins que moi. j’enrage par ce que je ne peux utiliser mon accelero qu’à un tout petit tiers voire un quart. Je profite de la transition assez calme pour rebrancher le micro et annoncer à Jeumeu que j’arrive à la tour.

J’arrive à la tour et je refais le plein. je vois Jeumeu arriver à fond les manettes mais bas. qu’est ce qu’il est bas. Je me refais bien, Jacques est déjà parti pour l’Arclusaz et Jeumeu n’arrive pas à remonter (mais qu’est-ce
qu’il fout ?). Une rue de nuage vient de s’installer pour aller à l’Arclusaz. je n’aurais peut être pas deux fois cette chance et puis Jeumeu a une aile rapide et un accelero qu’il peut utiliser à fond… il me rattrapera bien !

J’arrive à l’Arclusaz en ayant assez peu perdu mais le vent du nord rentre fort alors j’avance presque jusqu’au « chapeau de napoléon » où je croise une pompe « généreuse » et surtout enfin un peu exploitable. Je m’y maintiens pour voir que Jeumeu arrive, toujours bas, mais il arrive. Je suis au niveau de la crête, vers 1800, juste en dessous des nuages. Feu pour continuer vers Albertville. Je crois que c’est vers la pointe des Arlicots, je me fais aspirer dans le nuage. Je prends un cap grâce au compas que je viens juste d’installer ( !) et je m’écarte du relief. Oreilles+accélérateur, le vario se calme puis se remet à biper de plus belle. bon, il ne reste plus qu’une
solution : j’envoie des 3-6 et au bout de 3 tours retrouve enfin l’air libre. Je reprends oreilles+accelero pour ne pas trop regagner (mais je me fais encore sucer). Jeumeu suit toujours, toujours en bas des falaises. Je vois Jacques faire un plein au-dessus de Montailloset, en plein milieu de vallée. Il est sur le retour. Ça a l’air de bien monter la-bas aussi. Jeumeu se refait un peu pendant que je l’attends un peu.

Je me dirige vers le « grand roc ». Je passe le long de la pointe de chamosserand. Je suis face au nord (donc face au météo annoncé) mais je tente de m’appuyer sur le plateau intermédiaire qui est généreusement ensoleillé. ça ne marche pas, je suis en train de ma faire enterrer. si je continue je vais percuter la planète sur ce plateau pas franchement hospitalier ! Une combe (le col de sausse), je plonge dedans (plonger est le
terme approprié). Je me retrouve franchement bas et encore contré. en haut c’était le météo, en bas c’est le vent de vallée et il est monstrueux. En fait je suis le long de la forêt, le plus proche possible
pour ne pas trop me faire contrer mais il faut que je garde un peu de marges de sécurités : je suis dans des rouleaux pas trop sympa. Je croise Jeumeu je tente de l’avertir du piège aérologique dans lequel je viens de tomber
mais mon micro est encore débranché. Cent fois je me vois vaché, cent autres fois je me vois dans les arbres. je finis par rejoindre la falaise du plan pommier en dessous de sa falaise. Je frôle la falaise et arrive à
gagner un peu. J’effectue encore un saut de puce et rejoint les falaises du pré du chêne. Jeumeu est à la même hauteur que moi, j’arrive à mieux me refaire que lui. Tient, il quitte cet endroit propice je décide de faire
encore un retour.

Caramba ! les furieux » je croise l’équipe de France. Je m’écarte un peu et du coup je perds un bon peu de mon avantage Frown

Nous sommes sur le retour, Jeumeu est maintenant devant et en haut et moi, je suis en bas et en retard. du coup, priorité à avancer. ça durera jusqu’au « mont de la fontaine où je décide que j’en ai marre de me prendre tous les rouleaux de la vallée : je peux d’autant moins monter que chaque gain s’accompagne de son lot de fermetures. Donc dans une belle combe au vent de vallée (qu’est ce que ça fait du bien de passer un peu au
vent) j’enroule… tant pis si Jeumeu prend trop d’avance. je vais m’économiser un peu et au final ça sera payant.

En 2 coup de cuillère à pot je me retrouve aux crêtes (1900 – 2000) et en compagnie de Jeumeu et d’une aile bleue. Nous reprenons notre route vers l’Arclusaz. A un moment je vois l’aile bleue qui est devant prendre une pompe puis se faire dégueuler dans le passage suivant. Quelque temps plus tard, je me retrouve dans un passage pas trop sympa. J’analyse que je suis dans le cisaillement du météo qui rentre par un
col au niveau duquel je suis et du vent de vallée. Jeumeu me dira que je dansais le charleston, je veux bien le croire. J’enchaîne abattée à droite, début d’asymétrique à gauche, amorce de fermeture à droite abattée
à gauche.. et quand on a bouclé, on recommence pour ne pas s’ennuyer. Ça durera un long moment (je n’ai plus la notion du ce temps, mais Jeumeu m’a dit que ça avait bien duré 10 secondes). Une fois sorti de ce passage, je
retourve une large zone d’ascendance calme. je me cale au fond de la sellette, et je respire. Je vois les 2 gus franchir la zone, au large et avec les zoreilles ! ? !

Nous revoilà au chapeau de Napoléon. Je trouve un bon thermique : pendant 4 tours, je regarde mon vario qui taquine les +10 ! Bon dieu que j’aime ça !!!!

Au-dessus du « pré rat », je vois une aile blanche trouver un fameux thermique… pas du petit sponsorisé par Otis, non, celui là il doit bien être parrainé par Ariane Espace ! L’aile blanche monte, monte encore. D’un coup, d’un seul, l’aile se met en vrac. Elle est chahutée dans tous les sens. En dessous, le pilote bouge tel un pantin désarticulé. Je vois un pied, un bras une autre jambe . ça part absolument dans tous les sens. L’ensemble aile+pilote retrouve un peu de coordination. Le gars fais les oreilles et file se mettre au calme. Après, j’apprendrais que ce numéro de manège « volant » (scuses pour les guillemets autour de volant) nous était offert par  Christophe et sa sierra. Jeumeu ira à son tour dans la fameuse pompe. il enregistrera du +12 ! (et je ne suis pas sûr qu’il ait trouvé le même noyau, aussi puissant).

J’entame la traversée de L’Arclusaz vers Chamoux. mais j’hésite fortement entre Chamoux et le petit Arc. comme je n’ai plus de radio, les arcs, la vallée de la Maurienne et le vent du nord me font un peu peur. Mon plan : aller me poser au déco de Chamoux, tout remettre en ordre de marche puis repartir. Je commence la transition quand je vois Jeumeu en 3-6. qu’est-ce qu’il fout ? il sort de ses 3-6 et m’emboîte le pas. ça doit l’emmerder de faire des grandes transitions avec du gaz en réserve (en fait, j’apprendrais plus tard qu’il voulait accompagner Christophe poser vers St Pierre et qu’il était un peu refroidi par les péripéties).

En plein milieu de nulle part (vers 1500 un peu avant l’attero de Chamoux) je me prends un vrac monstrueux. L’aile part avec l’option « tout chiffon » vers l’arrière. Je ne sais pas trop comment piloter ça et je me remémore un « vieux conseil » (euh. je dis pas forcément un conseil judicieux. à vous de voir) quand tu ne sais plus quoi faire, sécurité = main aux oreilles. Je mets donc mes mains à hauteur de mes oreilles et j’attends que ça redevienne
une configuration que je sais piloter. Le chiffon est ballotté devant derrière. enfin il réouvre Je récupère une aile en état de voler. Elle est en piqué à la même altitude que moi… mais ça au moins, je sais piloter ! Ce sera le seul gros chahut de la transition mais ça fait déjà quelques temps qu’on vole dans la baston. Le repos envisagé au déco de Chamoux fera du bien !

J’arrive à Chamoux au-dessus de l’arrête, au moment où elle attaque « le Solliet ». Je fais le plein et me précipite un peu tôt vers le déco de Chamoux.du coup, au niveau du col je bascule vers « la côte du suet ». Je retourne radada vers le coté auvent du Solliet. et là qu’est ce que je vois (de mes yeux éberlués) ? Le gars Jeumeu qui, au lieu de me rejoindre vers Chamoux, tire vers Champs-Laurent. Le salop, l’insatiable. Et mon repos mérité ? Pourquoi continuer le cross sans un seul instant de repos ? Et surtout pourquoi dans cette direction (à l’attaque des rouleaux suivants). Tu ne trouves pas qu’on s’est déjà bien fait remuer les fesses ?

En fait, il me dira avoir rencontré du +10,5 avec les pieds dans les arbres et une demi aile avait des envies de rebelles par rapport à l’autre demi-aile. tout ça en attaquant la remontée vers le Solliet (au niveau du déco delta). Il a donc décidé de dégager vers un endroit plus serein. La fatigue aidant, il ne peut plus être à l’attaque, s’écarte trop du relief et vache à Villard-léger. Moi, pendant ce temps, je l’ai rejoint au-dessus du déco de champ-laurent. Je retourne me poser à Chamoux. Je refais le plein. tiens, il y a plein d’ailes (l’équipe de France est de retour) ils vont vers le petit arc . Je commence à prendre du gain (2000 et quelques brouettes) pour faire un brin de route avec eux. Rendu au-dessus du déco de Chamoux, je me rappelle ma fatigue ce qui achève de me décider : je me pose au déco et j’attends les copains.

En les attendant (ils mettront beaucoup de temps : au moment où je me pose, Christophe rejoint à peine la voiture au déco de montlamb), je fait un brin de causette avec tonton (Delorme) qui encadre un stage « cross-de-
plaine » car au relief, ça booste trop fort. En fait avec son stage de «  » »petit niveau de cross » » » ils ont fait -ce matin- le même parcours que nous = un aller-retour entre Montlambert et les premiers contrefort d’Albertville … mais eux sont tranquillement passés par la plaine.

Je vois des tas d’ailes faire des plaf à 2000-2500 au-dessus du Solliet. Mais les copains n’arrivent pas Big Frown(((((( Finalement ils arriveront assez tard, mais les conditions n’ont pas faibli. Je décolle le premier. J’ai du mal à rejoindre le Solliet (contré par le vent) mais une fois que je l’atteints, je me cale dans du +5 à +6 et remonte à 2200. J’attends Jeumeu . qu’est ce qu’il met comme temps pour grimper ! C’est dingue, je le vois même descendre en 3-6 serrés alors que je me caille les meules à l’attendre en haut (en fait, il vient de se prendre un vrac et en ressort en 3-6).

Je pars pour Champ-laurent et malgré qu’il se fasse tard, je m’enfile dans la vallée des huiles. Je ne l’ai jamais attaquée d’aussi haut. mais comme les autres fois, elle ne se laisse pas dompter : au-dessus du Bourget en huiles, contré par un vent de vallée ultra puissant, je perds 1000m sans rien avancer. J’attaque donc la remontée de la vallée des huiles tel qu’elle se fait : bas, les pieds dans les arbres à jouer à saute-moutons avec les combes sous le vent et les arrêtes au vent. Je me pose finalement au Verneil (à 6 km de la Rochette, atterro de val pelouse).

Retour en stop (deux automobilistes sympas m’ont ramenés plus vite que si j’avais appelé les copains). Je me fais encore chambrer par les copains qui ne peuvent pas comprendre mon entêtement à aller me vacher
dans la vallée des huiles . Mais toutes les fois je progresse. je finirais bien par la remonter complètement !