En route pour l’exploit (bis et mieux !)
Bingo ! Je la trouve. Les suspentes se tendent, je mets ma brave Bonanza sur la tranche pour rester dans ce noyau… et c’est parti. A un moment, je perds l’ascendance… je cherches, je zones… je suis tout dépité puis je reprends mes esprits… ayé, retrouvé et c’est parti de plus belle !
Je suis à 3500 – 4000 mètres dans du +6 /+7 m/s (moyenné)… je suis le roi du monde ! Et hop, le temps d’avoir ce sentiment de supériorité, mon aile part en abatée… j’ai croisé une turbulence … il faut rester méfiant même à des altitudes où on peut se croire sorti de tout.
Panorama
Je profite un peu du paysage… c’est absolument magnifique. A l’ouest, les écrins… des massifs aiguisés, des vallées profondes, bref un relief tourmenté où il ne fait pas trop bon s’aventurer en parapente.
De l’autre coté… il n’y a plus rien : rien qu’une « plaine » immense entre moi et une grosse montagne : le mont blanc. Je suis à la même altitude que le mont blanc et entre lui et moi, le relief est tellement écrasé par mon altitude que ça semble être une plaine !
J’ai mal étudié la carte mais j’aurai presque envie d’aller y faire un tour. Je sais qu’en face, c’est l’Italie… ça va poser tellement de problème logistique…
La population vélivoliste s’est accrue au cours de l’après midi… mais je reste le seul et unique parapentiste. J’adore ces coins où on a la place de voler ! sauf qu’à cette altitude là, même bien couvert, je ne peux pas m’éterniser : il fait décidément trop froid.
Petite Ballade (suite)
Comme il est encore tôt dans l’après midi, je continue ma ballade. Je file le long de la crête de Peyrolle que j’avais parcouru sensiblement plus bas la veille. Je traverse Briançon à une altitude digne d’un satellite spatial et je file en direction du Sud…
Je raccroche un peu avant le roc de Serre Chapelle, à un peu moins de 3000m d’altitude. Je suis la verticale d’une ligne de crête acérée. Je cherche le thermique qui doit être dans les parages. Je suis au bord, mais j’ai du mal à en trouver un qui soit exploitable. A un moment, il y a une espèce de boulet de canon qui passe. Je me retrouve déséquilibré dans ma sellette et une sangle de réglage dérape sous la violence du choc. Priorité à piloter ce truc ! Après avoir repris une bonne dose d’altitude (3600m d’altitude), je re règle la rallonge de planchette. Je ne savais même pas que cette sangle pouvait se dérégler !
Le développement nuageux ne m’inspire plus rien du tout… ça vire au cunimb… il faut rentrer au bercail, raconter mes exploits à la famille.
Je ne longe pas la crête de Peyrolle (juste au nord de Briançon) où il y a largement encore de quoi monter à 4500… fabuleux ce site (quand on a enfin compris comment ça marche).
Au contraire, je longe le Prorel bien à l’ombre…. A Briançon, je suis encore à 2800.. je fait les oreilles pour descendre gentiment. Quand j’en ai marre de faire les oreilles, je ferme une demi-aile … ça évite de se couper la circulation des doigts en tenant des oreilles.
Après (beaucoup) plus de 1000 mètres d’approche, je me pose enfin à Saint Chaffrey.
Il me faudra quelques jours pour prendre la mesure de mon (petit) exploit : j’ai volé à 240m en dessous de l’altitude du mont Blanc !
Ce site est assez merveilleux dans la mesure où
- il est vraiment peu fréquenté
- j’ai l’impression que c’est 4500m garanti
mais il n’est pas forcément à la portée de tout le monde
- il faut d’abord comprendre comment ça marche
- l’aérologie est assez complexe et surtout bien puissante